
Cette Ecole emportée est une oeuvre bien singulière, imaginée par un mangaka non moins singulier, Umezu Kazuo, "Kazz" pour les intimes, né en 1936 et considéré comme l'un des pères du manga d'horreur.
L'école emportée est le seul ouvrage de Umezu Kazuo à bénéficier d'une traduction en Français - 6 tomes au total, le tome 1 disponible en novembre 2004 dans la collection Bunko de Glénat (www.glenatmanga.com) - alors que ce conte initiatique sauvage a été publié au Japon sous la forme d'un feuilleton hebdomadaire au milieu des années 70 dans le magazine Shonen Sunday de la maison d'édition Shogakukan. Plus précisément entre 1972 et 1974 avant d'être couronné du prix Shougakukan Manga Prize en 1975. Il était temps qu'un éditeur français nous propose cet ouvrage...
Suite à une énorme vibration l'école d'un quartier de Tôkyô disparaît du paysage urbain, ne laissant qu'un immense cratère et des parents désemparés de ne plus retrouver leurs rejetons... Les bâtiments de l'école, les installations sportives, la cour de récréation, le réfectoire, les professeurs et leurs élèves se retrouvent posés comme par magie dans un paysage désertique hostile qui s'étend à perte de vue où il ne fait pas bon s'aventurer. Le petit jeu de la survie et des luttes de pouvoir va donc commencer dans une ambiance cahotique, l'enceinte de l'école se transformant très rapidement en un véritable champ de bataille où la pitié est vite reléguée au placard.
Trouver de l'eau, organiser le rationnement, calmer les angoisses (on reprend en choeur "Ouin-Ouin"), éviter les pièges tendus... Un programme lourd pour des héros en culottes courtes qui devront se mettre sous la dent bien autre chose que de bonnes tartines au Kiri! Il faudra rapidement faire preuve de sagesse et de courage pour tenir tête à une flore exotique menaçante, combattre des insectes géants gourmands (voraces, plutôt) et pour faire face à la pire des mutations génétiques.
Un petit parfum de Sa Majesté des Mouches (Lord Of The Flies, William Golding, 1954) flotte sur L'école emportée. On pense quelquefois en souriant à l'émission Kho Lanta (Survivor en version USA) et aussi au fantastique film Battle Royale (2000) de Kinji Fukasaku. Rien ne sera épargné à nos charmants bambins. Les "Ouin-Ouin" les plus gentils comme les "Ouin-Ouin" les plus insupportables n'auront de cesse de se tenir sur leurs gardes pour mener à terme leur aventure commune. Le moindre faux pas et c'est le Game Over fatal.
Difficile de passer à côté de ce petit bijou de la bande dessinée japonaise. Un charme graphique old school habite cette oeuvre unique qu'il est bien difficile de classer dans un genre précis. De l'horreur, du gore d'une modernité percutante.
30 ans d'âge... le vintage japonais se porte bien!
PS/Une dernière chose en passant. Chaque volume de L'école emportée coûte quand même un peu plus de 7 euros... Lire des mangas aujourd'hui est devenu un luxe et les éditeurs se frottent les mains.